Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/203

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d’une plante sont occupées à décomposer de l’acide carbonique et à nous préparer de l’oxygène, nous commençons à la considérer avec quelque espèce d’indifférence, comme si c’était un gazomètre. C’est devenu jusqu’à un certain point une machine. Quelque chose de notre sens de son bonheur a disparu. Sans doute, à la réflexion, nous verrons que la plante ne vit pas seulement pour elle-même, que sa vie est une suite de bienfaits, qu’elle donne autant qu’elle reçoit, mais aucun sens de ceci ne se mêle d’une manière quelconque à notre perception de la beauté physique dans ses formes. Ces formes qui apparaissent nécessaires à la santé : la symétrie de ses feuillets, la douceur glabre de ses tiges sont considérées par nous comme des signes du propre bonheur de la plante et de sa perfection : ils sont sans utilité pour nous, excepté quand ils nous procurent du plaisir. Le Sermon sur la Montagne nous donne précisément la vue de la nature qui est prise par l’affection incurieuse d’un humble, mais puissant esprit. Il n’y a pas de dissection de muscles, ni de dénombrement des éléments, mais le regard le plus ferme et le plus large sur les faits apparents, et la métaphore la plus magnifique en les exprimant : « Ses yeux sont comme les paupières du matin. Dans son cou, réside la force, et la tristesse se tourne en joie devant elle. » Et dans