Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/216

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résultat normal de l’action des forces moléculaires.... » — Pour ceux qui ont regardé le tableau, pour ceux qui ont fait le bonheur de leur vie de ses teintes délicates, fines, harmonieuses et puissantes, qui l’ont aimé avec la passion de la jeunesse et ont cherché à en produire des imitations indignes, mais fidèles, qui ont souffert lorsque quelque chose est venu le ternir, et pleuré de joie lorsqu’il leur a été rendu dans sa pureté primitive, pour ceux-là le problème de la création n’est point si simple que de pouvoir être expliqué par des variations d’espèces — et tout n’est point dit depuis six mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent !

Les relations esthétiques des espèces sont indépendantes de leurs origines, et c’est celles-là qui nous intéressent.... Pour nous la fleur est la fin ou l’objet propre de la semence, non la semence l’objet de la fleur. La raison d’être des semences, c’est qu’il puisse y avoir des fleurs, non la raison d’être des fleurs qu’il puisse y avoir des semences. C’est la fleur qui est la création que l’Esprit fait. C’est seulement parmi les éléments de sa perfection que se trouve celui de donner naissance à ce qui lui succède. Le principal fait à noter à propos de la fleur est qu’elle est la partie de la plante qui se développe au moment de sa vie la plus intense, et que ce ravissement intérieur nous est ordinairement signalé au dehors par l’afflux d’une ou de plusieurs couleurs primaires. Ce que sera le caractère de la fleur dépend entièrement de la portion de la plante sur laquelle ce ravissement de l’esprit aura été placé. Quel-