Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/239

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Quelle sera donc, à ce prix, la lumière non naturelle et irréelle ? Celle du soleil, sans doute !… Et sous quel prétexte les réalistes proscrivent-ils les lumières des romantiques ou de M. Hébert, comme fausses, comme lueurs filtrées dans des caves, lorsqu’ils admettent, dans leurs propres tableaux, l’éclairage du théâtre et de l’usine, et quand il n’est pas d’effets artificiels de M. Hébert ou de M. Henner qu’on ne puisse obtenir, si l’on veut, par des jeux bien combinés de gaz et d’électricité ? Et quand ils nous montrent, en des scènes d’hôpital dont ils sont si friands, ce que deviennent les muscles et les épidermes sous l’influence des traitements électriques ; ou lorsqu’ils enfarinent le visage d’un clown, puis le transportent sur leurs toiles, nous disant que ce sont là des réalités, font-ils donc du réalisme et respectent-ils au moindre degré cette Nature dont ils se sont fait un drapeau ? — Non. L’homme de Nature, l’être réel et suprêmement beau, est le corps sorti souple et joyeux de la main puissante du potier qui a pétri l’argile humaine, non tel que les besoins vrais ou faux de la civilisation l’ont caricaturé. C’est l’homme des premiers âges, droit comme le rameau libre, non l’homme de l’âge de la vapeur, tordu par une fausse éducation. C’est l’Apollon de Syracuse, — non l’électeur de M. Gladstone.