Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/251

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tour à tour, ainsi que les couleurs d’un blason, jouent sur toute la surface bâtie comme elles jouent dans la Nature, voilant doucement, sans la cacher, l’ossature intérieure du grand corps de pierre organisé.

Autrefois on peignait ainsi jusqu’aux simples maisons. À Venise, « les armes de la famille étaient blasonnées en leurs propres couleurs, mais, je pense, généralement sur un fond de pur azur. La couleur bleue est encore demeurée derrière les blasons dans la casa Priuli et un ou deux des palais qui sont restés sans restauration, et le fond bleu fut employé aussi pour rehausser les sculptures des sujets religieux. Enfin toutes les moulures : capitales, corniches, meneaux, cornes, étaient soit entièrement, soit à profusion, couverts d’or. »

La Nature le veut ! Elle fait plus que le vouloir : elle nous offre les matériaux nécessaires à l’embellissement de nos villes.

Les marbres sont préparés par elle pour l’architecte comme le papier l’est par le manufacturier pour l’aquarelliste. Les couleurs en sont mélangées exactement comme sur une palette préparée. Elles sont de toutes les valeurs et de toutes les teintes, excepté des mauvaises. Et dans toutes leurs veines et leurs zones et leurs colorations de flammes ou leurs lignes brisées et disjointes, ces couleurs écrivent les légendes diverses, tou-