Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/269

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sur le tout, de riches rubans noirs d’écorce et des taches brunes de mousse. Posez d’abord le gris rosé en laissant du blanc pour les fortes lumières et les taches de mousses et en ne touchant pas le côté sombre. Ensuite, posez le gris pour le côté qui est dans l’ombre, en le remplissant jusqu’au gris rosé de la lumière, en laissant ainsi, dans ce qui est le plus sombre, le papier blanc par places pour la mousse noire et brune ; enfin, préparez les couleurs des mousses rigoureusement pour chaque tache et posez-les dans les réservés.

Appliqué à l’huile, ce système de tachetage conduit l’artiste à imbriquer ses feuilles d’arbre dans le ciel ou à découper des morceaux de ciel dans les interstices des feuilles déjà faites, sans jamais repeindre celles-là sur celui-ci ni celui-ci sur celles-là. C’est la condamnation de Corot et de presque tous nos grands paysagistes[1].

Enfin Ruskin ne veut pas plus de mélange sur la palette que sur la toile. Qu’on mêle deux couleurs ensemble, si l’on y tient, mais pas davantage ! « Vous avez posé une couleur rouge et vous voulez une couleur pourpre par-dessus : ne mêlez pas de pourpre sur votre palette, mais prenez une petite

  1. Est-il besoin de répéter ici, au moment où la doctrine ruskinienne choque le plus nos idées françaises sur la couleur et sur la facture, que l’auteur de ces pages n’entend nullement exposer la vérité sur la question, mais bien l’opinion de Ruskin, et que si cette opinion lui paraît toujours digne d’être connue, ce n’est point à dire qu’elle mérite d’être suivie ?