Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/310

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humaine — devrait enseigner aux nations à faire des vœux et à travailler pour les choses qui conduisent à la vie, et à mépriser et à détruire les choses qui conduisent à la destruction. »

La richesse telle que l’entend le langage courant des financiers et des économistes est donc l’ennemie ; l’ennemie non seulement des beautés pittoresques de la nature, mais aussi du bonheur social. C’est une chose de tout point mauvaise et par là même illégitime. — Quoi ! dira-t-on, il n’y a pas de richesse légitime ? Il n’y en a pas de grande, répond Ruskin. « Quelle est la base juste de la richesse ? C’est qu’un homme qui travaille doit être payé la pleine valeur de son travail, — que s’il ne veut pas la dépenser aujourd’hui, il ait la liberté de la garder et de la dépenser demain. Ainsi un homme industrieux, travaillant chaque jour et mettant chaque jour quelque chose de côté, atteint à la fin la possession d’une somme accumulée à laquelle il a un droit absolu. Par conséquent, la première nécessité de la vie sociale est l’éclaircissement de la conscience nationale sur ce point que le travailleur peut garder ce qu’il ajustement acquis. Jusque-là nous sommes d’accord avec les économistes et nous admettons fort bien l’inégalité des fortunes. — Seulement, ce n’est point ainsi que se forment les grandes richesses. Personne ne devient