Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/339

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un roi, aux anciens de sa famille, si elle a des anciens, aux lois de son pays, si son pays a des lois ; mais il saura se rendre libre de lui-même et, étant libre de soi, il connaîtra, malgré toute sa soumission, les joies profondes de la liberté. Il ne doutera d’aucune grandeur, d’aucune honnêteté, d’aucun talent. Il ne doutera que du mal. Il ne sera sceptique qu’en un point : la prétendue douceur de l’oreiller du scepticisme à reposer une « teste bien faicte ». Sans naissance, il se félicitera qu’il y ait une aristocratie et plus encore de n’en être pas, car, ne l’apercevant que de loin, il pourra l’admirer d’autant mieux et la respecter davantage. Il n’aura qu’une rébellion : contre la laideur. Il ne reprochera aux grands de ce monde qu’une chose : être petits, être mal vêtus, se montrer aux assemblées en des costumes égalitaires et sans grâce, garder pour eux seuls leurs belles collections, abattre leurs vieux chênes ou leurs oliviers. Contre les riches, il n’aura qu’un grief : la ruine des vieilles demeures et la construction de bâtisses neuves dont « le visage est indifférent ». Mais tout ce qui sera respectueux des vieilles et belles choses, il le respectera. Il ne se moquera que de la moquerie. Il ne haïra que la haine. Il ne méprisera que le mépris.

Admirant ainsi sans arrière-pensée, sans retour