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LES ORDRES DE PARIS.

S’eles ont .i. pou de fumière :
Se Diex lor vouloit pour ce randre
La joie qui est sans fin prandre,
Sains Lorans l’acheta trop chière[1].

Li Jacobin sont si preudoume
Qu’il ont Paris et si ont Roume,
Et si sont roi et apostole,
Et de l’avoir ont-il grant soume.
Et qui se muert, se il ne’s noume
Pour exécuteurs, s’âme afole[2] :
Et sont apostre par parole.
Buer fu tés gent mise à escole :
N’uns n’en dit voir, c’on ne l’asoume :
Lor haïne n’est pas frivole.
Je, qui redout ma teste fole,
Ne vous di plus mais qu’il sont home.

Se li Cordelier pour la corde

  1. On sait que ce saint, qui était diacre et trésorier de l’Église sous le pontificat de Sixte II, en 258, lors de la persécution de Valérien, fut déchiré à coups de fouet par les mains du bourreau, et attaché ensuite à un gril de fer sous lequel on plaça des charbons ardents. C’est par allusion au genre de mort qu’il souffrit que Mme  la duchesse de Berry, lors de son arrestation en Vendée, dit à ceux qui l’avaient découverte : « Vous m’avez fait une guerre de saint Laurent. » (Voyez, pour d’autres détails sur les Béguines, la pièce qui porte leur nom.)
  2. Ms. 7633. Var. Est fole. — Ces vers de Rutebeuf viennent confirmer une allégation dont on n’était pas très-certain : les Jacobins, dès leur arrivée à Paris, furent accusés d’un esprit d’intérêt et d’avidité fort grand. Crevier, dans son Histoire de l’Université, dit : Ils s’attiroient la confiance des mourants, : legs pieux, droits même de sépulture, tout étoit pour eux. » Duboullay a écrit aussi la même chose, Rutebeuf, dans Le Dist des Jacobins, revient encore sur ce reproche. Voyez également les notes sur Guillaume de Saint-Amour, à la fin du volume, et la note 2, page 105.