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DU PHARISIAN.

Les plusors fist de son merrien[1],
Si l’obéissent,
Nous engingnent et Dieu traïssent ;
S’il fust en terre il l’océissent,
Quar il ocient
La gent qui vers aus s’umelient.
Assez font el que il ne dient :
Prenez-i garde.
Ypocrisie la renarde,
Qui defors uint et dedenz larde,
Vint ou roiaume ;
Tost ot trouvé frère Guillaume,
Frère Robert et frère Aliaume,
Frère Giefroi,
Frère Lambert, frère Lanfroi[2] ;
N’estoit pas lors de tel effroi,
Mès or s’effroie.
Tel cuide-on qu’au lange se froie
Qu’autre chose a souz la corroie,
Si com je cuit[3] :
N’est pas tout or quanqu’il reluit.
Ypocrisie est en grant bruit ;
Tant a ouvré,
Tant se sont li sien aouvré,
Que par engin ont recouvré

  1. Merrien : voyez pour ce mot la note de la pièce intitulée L’Estat du Monde, page 219.
  2. Je ne crois pas que ces noms s’appliquent spécialement à telles ou telles personnes ; je pense qu’ils ont été imaginés par Rutebeuf pour désigner les ordres religieux.
  3. Voici cette phrase traduite littéralement : « Il y a tel dont on pense qu’il se frotte au drap de laine, qui a quelque autre chose sous la ceinture, comme je le pense. » C’est une attaque contre les Jacobins, qui d’après leurs statuts ne devaient pas porter de chemise.