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DE BRICHEMER.


Ha, Brichemer ! biaus très doux sire,
Paié m’avez cortoisement,
Quar vostre bourse n’en empire,
Ce voit chascuns apertement ;
Mès une chose[1] vos vueil dire
Qui n’est pas de grand coustement :
Ma promesse fetes escrire ;
Si soit en votre testament.



Explicit de Brichemer.

    de cette prédiction, les Anglais soupiraient après la venue de leur grand roi Artus comme les Juifs après celle de leur Messie, et leur attente était devenue proverbiale et dérisoire pour exprimer une espérance qui ne doit jamais se réaliser :

    Et Britonum ridenda fides, per sæcula multa
       Arturium expectat, expectavitque perennè.

              Jo Isacanus Anglus.De Bello troj.

      Cil qui s’afole à escient
      Avec les Bretons puet attendre
      Artus qui jamais ne venra,
                (Vie des Pères.)

    M. Paulin Paris, au vers 6e de la page 238 du 1er  vol. de Garin-le-Loherrain, a placé la note suivante : « Plusieurs manuscrits ajoutent ici ces deux vers, qui me semblent une interpolation du Jongleur :

    Comme as Bretons qui désirent toudis
    Le roi Artu qu’est dou siècles parti.

    Si le poëme original contenait ces deux vers, il faudrait en conclure que les fables de la Table ronde ont été connues en France aussi anciennement que les romans des douze pairs ; mais les meilleures leçons et les plus anciennes ne les donnent pas. »

    M. Francisque Michel, page 75 des notes de son introduction au recueil de ce qui reste des Poëmes de Tristan, déclare qu’il ne partage pas cette opinion et essaie de la réfuter par quelques exemples. La question serait curieuse à débattre ; mais je craindrais qu’on pût me dire si j’essayais de la vider ici : Non erat hic locus.

  1. Mss. 7633, 7615. Var. Un pou de choze.