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DE L’ESTAT DU MONDE.

Que il plument toz les costez
A cels qui sont en lor justise
Et se deffendent en tel guise :
« Nous les acenssons chièrement ;
Si nous covient communement,
Font-il, partout tolir et prendre
Sanz droit ne sanz reson atendre :
Trop aurions mauvès marchié
Se perdons en nostre marchié. »

Encor i a une autre gent,
Cil qui ne donent nul argent,
Comment li bailli qui sont garde ;
Sachiez que au jor d’ui lor tarde
Que la lor garde en lor baillie
Soit à lor tens bien esploitie,
Que au tens à lor devancier
N’i gardent voie ne sentier
Par où onques passast droiture.
De cèle voie n’ont-il cure ;
Ainçois penssent à porchacier
L’esploit au seignor et traitier
Le lor porfit de l’autre part :
Ainsi droiture se départ.

Or i a gent d’autres manières
Qui de vendre sont coustumières
De choses plus de .v. cens paires
Qui sont au monde nécessaires.
Je vous di bien veraiement
Il font maint mauvès serement,
Et si jurent que lor denrées