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DE LA VIE DOU MONDE.

Les blances et les grisses et les noires nonains
Sont sovent pélerines as saintes et as sains ;
Se Dix leur en set gret, je ne sui mie certains :
S’eles fuissent bien sages eles alassent mains.

Qant ces nonnains se vont par le pays esbatre,
Les unes à Paris, les autres à Monmartre,
Tel fois emmainne deux[1] qu’on en ramainne quatre,
Car s’on en perdoit une il les convanroit batre.

Molt mainnent bone vie Bégines et Bégin :
Avec eus me rendisse[2] ennuit u le matin,
Mais jà ne croira jà glouton delès bon vin[3],
Ne geline avec coc, ne chat avec sain.

J’ai grant pièce pensé à ces doiens ruaus[4],
Car jou trover cuidoie aucun prudome entr’aux,
Mais il n’a si prodome dusques en Rainscevaux,
S’il devenoit doiens, qu’il ne devenist maux.

Cil qui doivent les visses blâmer et laidangier,
Qui sont prestre, curé, sueffrant maint grant dangier,
Et s’en i a de tex qui par sont si légier
Que l’évesques puet dire : « J’ai fait[5] d’un leu bergier. »

Li Barré, li Sachet, li Frère de la Pie

  1. Ms. 198 N.-D. Var. En part l’en .ij.
  2. Ms. 274 bis N.-D. Var. Volentiers m’i rendisse.
  3. Ms. 198 N.-D. Var. Je ne croirai glouton avecques le bon vin.
  4. Ms. 7633. Var. Curaux. — Ms. 198 N.-D. Var. Royaux. — Ms. 274 bis N.-D. Var. ruraux. — On appelait ainsi les doyens qui avaient droit de visite sur les curés de campagne dans les diocèses divisés en doyennés.
  5. Ms. 7633. Var. Je faz.