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NOTES

De faire cans et de trouver
Biaus dis, je croi, sans me main tendre
Ne sans rouver, ne trop atendre,
Me donroit li courtois gentix
Ki à bien faire est ententix.
Por son preu cerke-on mainte vile :
Par le païs en a tés mile,
Se pieçà les éusse antés,
Je m’en fuisse plus amontés
En .xx. mois que n’aie en .xx. ans :
Por ce ai-je perdu mon tans.
Or me doinst Dix tel gent trouver
U je le puisse recouvrer !


Quant à la coutume de manger les portes ouvertes, et par conséquent d’admettre à table ceux qui se présentaient, elle était bien déchue au 13e siècle. Outre la preuve que nous en avons citée page 2, note 4, voici encore quelques vers empruntés au fabliau de Raoul de Houdaing, Le Songe d’enfer, fabliau que j’ai imprimé dans les notes du 2e volume de mes Mystères inédits du 15e siècle (Paris, 1837, au Bureau des Anciennes Tapisseries), et qui confirment cette allégation :


Une coustume en enfer vi,
Que je ne ting mie à poverte.
Qu’il menjuent à porte ouverte.
Quiconques veut en enfer vait :
Nus en nul tenz léenz ne trait
Que jà porte li soit fermée ;
Iceste coustume est faussée
En France ; chascuns clot sa porte ;
Nus n’entre léenz s’il n’aporte,
Ce véons-nous tout en apert ;
Mès en enfer à huis ouvert
Menjuent cil qui léenz sont.


Je terminerai cette note en disant que le fabliau Des deux Bordeors ne se trouve point seulement au Ms. 1830 Saint-Germain : on le rencontre encore au Ms. 7218 sous le titre de La Gengle au Ribaut et de La Contregengle. Je donne dans mon Recueil de Contes et de Fabliaux cette seconde leçon, qui offre de nombreuses variantes.