Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/386

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D ont me convient bien aviser
E n ce que l’en ne puist trouver
F ourme ne voie qui enseigne
R iens nule qui leur nons enseigne
A ceus qui querre les voudront,
N e dont riens jà n’en trouveront
C hose escripte, n’en ai pas soigne,
E n quoi l’on me truist en mençoigne
M ès en vérité la plaisant.
A ce fait bon estre entendant ;
R iens ne vaut chose mençoinable :
I e me tiens à la véritable.
E Diex ! donnez-moi sens par quoi
Nommer les puisse si com doi.

M aintenant, se Diex me conssaut,
A i nommée une qui mult vaut,
D ont me convient l’autre nommer.
A Diex ! tant parfont à amer,
M ult est chescune bonne et sage
E n fais, en dis et en usage !
B ien doivent à Dieu obéir
L iement, et cuer et cors offrir.
A dès mouteplieront en bien ;
N e croi qu’en ele faille rien.
C el don leur donna Diex sans doute :
H aïr leur fist mauvestié toute.
E n leur cuers mist, ainssi le croy,
Amours pour lui amer en foy.
Nommées les ai, ce sachiez :
Ne cuit pas qu’entendu l’aiez,
Ne je ne quier ne ne l’ voudroie.

On voit par cet exemple qu’avec nos vieux poëtes il ne faut pas que l’obscurité, même volontaire, décourage, et qu’un peu de patience peut quelquefois amener des éclaircissements utiles ou curieux ; car à présent pour le sujet qui nous occupe il n’y a plus de doute possible : on ne doit plus écrire, comme fit M. Guillaume de Bure dans son catalogue de la bibliothèque de M. le duc de La Vallière (t. II, page 219, no 2733), que les deux dames qui ont conté Cléomades à Àdenez passent pour être Marie de Brabant et