Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/438

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
406
NOTES

retira précipitamment. Les Francs, qui gardaient la ville sainte, sortirent en toute hâte ; les Karismins y entrèrent sans résistance et égorgèrent tous les chrétiens qui s’y trouvaient encore ; pas un seul ne fut épargné ; les femmes et les enfants furent réduits en servitude ; l’église de la Résurrection fut dépouillée, le sépulcre du Messie détruit ; les tombeaux des rois francs et des capitaines chrétiens furent ouverts et les ossements qu’ils contenaient livrés aux flammes. (Ceci arriva l’an 642 de l’Hégire, c’est-à-dire en 1244.) Les Karismins se rendirent ensuite devant Gaza et firent leur jonction avec l’armée égyptienne, etc. (On peut consulter, pour avoir plus de détails, le savant ouvrage de M. Reynaud, membre de l’Institut et conservateur des manuscrits orientaux à la bibliothèque du roi, ouvrage intitulé Extraits des Historiens arabes, relatifs aux guerres des croisades, formant, d’après les écrivains musulmans, un récit suivi des guerres saintes ; Paris, 1829, imprimé à l’imprimerie royale.)

Quant au nom de Chenillier, mot qui est probablement dénué de sa véritable orthographe et bien éloigné de son étymologie orientale, je ne l’ai rencontré nulle part, malgré mes recherches. Je ne crains pas cependant de l’indiquer comme étant à coup sûr celui du soudan que les Annales de saint Louis (texte français, page 217) appellent le soldan Kiemel. Voici en effet les paroles même de Guillaume de Nangis. Nous sommes au moment où il s’agit de s’accorder sur la rançon du roi. « Illuec fu ordené et parlé de mout de chozes ; mais au darrain fu ordené de pays, de trêves et de raençon, en la fourme et en la manière qui s’ensivent ; c’est assavoir que li Soudan délivreroit le roy Loys et ceus qui avoient esté pris avoec lui puis que il estoit venu ens Égypte, et touz les autres de quelconque nation que il féussent qui avoient esté pris dès le temps Kiemel le Soudan, qui fu ayeul d’icelui Soudan, puis les trèves que il avoit jadiz prises à Fédri l’empereour de Roume, et les metroit hors de prison, etc. »

Un autre texte français porte : Très le temps Guiemel le soudan, et on lit au texte latin : Soldanus Quiemel. Or, pour