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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

les personnes habituées à la recherche de nos anciennes étymologies, il est évident que de Kiemel à Chenillier la distance n’est pas fort grande.

Ce soudan, connu encore chez les historiens occidentaux sous le nom de Mélédin, de Melek-el-Quemel est appelé par les écrivains orientaux Kamim, Elmélikud-Kamil, ou Mélikud-Hedil-Kamil. Il monta sur le trône en 1218, et, bien que pressé par une armée de quatre cent mille croisés qui venait de s’emparer de Damiette, il sut leur arracher cette ville en 1221 à force de prudence et d’habileté. Cette circonstance surtout, jointe à la consonnance des noms, favorise encore l’hypothèse dont j’ai parlé.

Ce prince, qui était le sixième roi d’Égypte de la postérité des Ejoubites, descendant de Saladin, mourut en 1238 à l’âge de soixante-dix ans.


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NOTE O.

(Voyez page 102, note 1.)


ANALYSE DU ROMAN D’AIOL.


Elye, fils de Juliens de Saint-Gille, a épousé la sœur de Louis-le-Débonnaire, Avisse o le vis cler, ou al gent cors seignori, dit le romancier. En moins d’un an il a délivré le roi des ennemis qui l’assaillaient de tous côtés. Louis, au lieu de l’en récompenser, lui ôte ses biens par le conseil du duc Makaire, un mauvais losengier, un quivers de put lin. Elye prend la fuite, et se réfugie avec sa femme dans les landes de Bordeaux, où un hermite nommé Moyses l’accueille. Cependant :

La dame estoit ençainte quant ors de France issi.
Quant vint en l’ermitage s’i délivra d’un fil.
Onques nus plus biaus enfés de mère ne nasqui.
N’avoit home ne feme ne valé entor lui
U péust non prendre que doner li péust,