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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Il devendront bergiers des champs.
A la charrue s’en iront
Prestre et clerc, mais il maudiront
Ceulz par cui auront tel office.
Perdu auront crois et calice ;
Puis que le temps aisi s’adonne,
Pluiseurs muceront leur couronne.
Besoing leur sera et mestier
De commencier autre mestier,
Dont clerc ne s’apeleront mie,
Car il leur seroit vilonnie
En couronne mener charrue.
Povre quant iront par la rue,
Li plus muceront leur tonçure,
C’il veulent de vivre avoir cure ;
Mais privilegiez seront
Tuit cil qui tel mestier feront,
Ou soient clerc, ou soient prestre ;
Car por ce c’on les puet connestre,
Tele grace leur habandone
Qu’il a à novilles couronne.
Soient sus les vilains de ville,
Ou soient .c., ou soient mille,
Il sont tous reputez por bestes
Et pourront anoncier les festes,
Dessous l’orme et ou cymetière[1],
Et porter la crois et la bière
En une sorcaine blanche,
Et l’yaue bénoite au dimanche.
Por ce est dolente tel clergie :
De teulz estatus se gramie.
Aus mendians religions
A cui l’en fait relacions
De lais, de confesser, d’assoudre.
Pain sec lor convendra moldre
Sans plus au molin de leurs dens.
Si ne seront plus résidens

  1. On trouve une autre mention de ce singulier office dans Les vingt-trois manières de Vilains, petite pièce dont M. Francisque Michel et moi avons donné chacun une édition. (La mienne, à laquelle a participé M. Éloi Johanneau, est de 1834 ; Paris, Techener.) L’auteur anonyme de cette satire s’exprime ainsi : « Li archevilains annonche les festes dessous l’orme devant le moustier. »