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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

tament qu’elle avait fait. Cet événement excita l’animadversion des tribunaux. Le parlement manda le curé et tous ses confrères, ainsi que les officiers de l’évêque, et il leur défendit de différer, sous quelque prétexte que ce fût, l’enterrement de leurs paroissiens morts catholiques. Il avait déjà rendu à ce sujet deux autres arrêts, l’un en 1409, l’autre en 1452 : ni l’un ni l’autre n’avaient eu d’effet. Celui-ci n’en eut pas davantage, et dès l’année suivante on vit l’évêque de Paris exiger comme auparavant que les héritiers lui montrassent les testaments. L’an 1440 le cimetière des Innocents avait été fermé quatre mois entiers et l’on n’y avait enterré personne, parce que l’évêque Denis Desmoulins en voulait avoir trop grant somme d’argent.

La force des lois, l’indignation publique, l’autorité royale prévalurent enfin, et ces abus ont disparu. Cependant on observe encore aujourd’hui en certains pays la coutume de donner à l’évêque le droit de faire ces sortes de testaments, qu’on appelle testaments des âmes, pour ceux qui sont morts ab intestat, quoiqu’ils aient laissé des héritiers. (Nouvelle diplomatie, tome V, page 566.)

(Legrand d’Aussy, tome III des Fabliaux,
pages 108-116, édition Renouard).

Je rapprocherai de cette note le passage suivant du roman encore inédit de Fauvel. (Voyez, pour l’explication du mot Fauvel les notes du 1er  volume de mon recueil intitulé Mystères inédits.)

Des gens mis en relégion
Vueil fère ausi collacion
Pour véoir comme ordre est gardée.
Aus mendians vueil commencier ;
Mès ce n’est pas por eus tencier
Ne pour eus flater ; pas n’i bée.
Saint François et saint Dominique,
Deus ordres, commencièrent si que
Fondez fussent sus poverte.
Sens terre et possessions
Doivent ces deus religions
Vivre humblement, c’est chose aperte ;