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COMPLAINTE AU ROI DE NAVARRE.

Quant teil seigneur aveiz perdu,
Bien en deveiz estre esperdu.

Mors desloauz, qui rienz n’entanz,
Se le laissasses .lx. anz
Ancor vivre par droit aage,
Lors s’en préisses le paage
Si n’en péust pas tant chaloir[1] ;
Or estoit venuz à valoir.
N’as-tu fait grant desconvenue
Quant tu l’as mort en sa venue ?
Mors desloiaux, mors de pute aire,
De toi blameir ne me puis taire
Quant il me sovient des bienz faiz
Que il a devant Tunes faiz,
Où il a mis avoir et cors !
Li premiers issuz estoit fors
Et retornoit li darreniers.
Ne prenoit pas garde au deniers
N’auz garnizons[2] qu’il despandoit ;
Mais saveiz à qu’il entendoit,
A viseteir les bones genz.
Au mangier estoit droiz serjenz,
Après mangier estoit compains

    commenter. Décours signifie : décroissance (decrescentia). Or, comme on ne peut pas dire en français fondé en décroissance, il faut nécessairement paraphraser pour traduire.

  1. Chaloir, importer ; de calere.
  2. Garnizons, frais, dépenses, achats de vivres et de provisions de toute espèce. L’exemple suivant est tiré de l’Esbatement du mariage des quatre fils Hémon, que j’ai publié dans les notes du premier de mes deux volumes de Mystères (Paris, 1837 in-8o ; au bureau des Anciennes Tapisseries) : « Et prendra ses garnisons en la granche à Petit-Pont ; c’est assavoir : buche, charbon, foin et avoine. »