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VIII
PRÉFACE.

sans avoir examiné complètement ce qu’il nous a laissé. Heureusement, grâce à quelques pièces composées par lui touchant diverses circonstances de sa vie, grâce à une étude approfondie de ses œuvres, et aussi au rapprochement de quelques détails jetés çà et là comme au hasard dans les soixante pièces sorties de sa plume, nous croyons pouvoir esquisser plus fidèlement sa biographie. Qu’on ne s’attende pas à trouver dans nos paroles le récit des actions du vieux rimeur : ses vers ne nous apprennent rien à cet égard, ce qui est fâcheux, car nous n’eussions pas manqué de trouver là quelques particularités curieuses pour l’histoire des mœurs ; mais on verra du moins par ce que nous extrairons de Rutebeuf lui-même, quel genre d’existence il a mené, quels étaient ses protecteurs, ses ennemis, ses opinions, ses vices.

Rutebeuf, ou plutôt Rutebuef, ou encore Rustebuef, et quelquefois Rustebués, Rudebués, comme on trouve dans les manuscrits, était selon toute probabilité natif de Paris ; bien qu’il n’ait pas ainsi que son confrère Villon poussé la précaution et la singularité jusqu’à instruire la postérité du lieu de sa naissance dans une épitaphe, on doit conjecturer qu’il était venu au monde en la bonne ville et qu’il y mourut. Du moins nous apprend-il par maint endroit de ses œuvres qu’il y habitait, et tout nous porte à croire qu’il ne l’a jamais quittée. Une considération de quelque intérêt vient d’ailleurs confirmer cette