Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome II, 1839.djvu/103

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Mult félonesse rente m’en rendront mi rentier,
Ma char charpenteront li félon charpentier.

Ame doit l’en amer ; m’âme n’ert pas amée :
N’os demander la Dame qu’ele ne soit dampnée.
Trop a male semence en semoisons[1] semée
De qui l’âme sera en enfer forsemée.[2]

Ha, las ! com fol bailli et com fole baillie !
Or sui-je mal baillis et m’âme mal baillie !
S’or m’osoie baillier à la douce baillie,
G’i seroie bailliez et m’âme jà baillie.

Ors sui, et ordoiez doit aler en ordure ;
Ordement ai ouvré, ce set cil qui or dure
Et qui toz jors durra : s’en aurai la mort dure.
Maufez, com m’avez mors de mauvèse morsure !

Or n’ai-je remanance ne en ciel ne en terre.
Ha, las ! où est li lieus qui me puisse soufferre ?
Enfers ne me plest pas où je me voil offerre ;
Paradis n’est pas miens quant j’ai au Seignor guerre.

Je n’os Dieu réclamer ne ses sainz ne ses saintes,
Las ! que j’ai fet hommage au déable mains jointes.
Li maufez en a lettres de mon anel empraintes.
Richèce, mar te vi : j’en aurai dolors maintes.

Je n’os Dieu ne ses saintes ne ses sainz réclamer,

  1. Ms. 7633. Var. Sa maison.
  2. Ms. 7633. Var. Seursemée.