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LA VIE

Devant l’ymage est revenue :
De rechief dist sa convenue,
Comment ele se contendra.
Si demande que devendra
Ne en quel leu porra ganchir.
Mestier a de l’âme franchir ;
Trop a esté à péchier serve.
Dès or veut que li cors déserve
Par quoi l’âme n’ait dampnement
Quant c’ert au jor du jugement ;
Et dist : « Dame, en plèges vous met,
Et si vous créant et promet
Jamès en péchié n’encharrai.
Entrez-i, je vous en garrai,
Et m’enseigniez quel part je fuie
Le monde[1], qui put et anuie
A cels qui vuelent chaste vivre. »
Une voiz oï à délivre,
Qui li dist : « De ci partiras,
Au moustier Saint-Jehan iras ;
Puis passeras le flun Jordain,
Et en pénitance t’enjoin
Qu’avant soies confesse fete
De ce qu’à Dieu t’es si mesfete.

« Quant tu auras l’eve passée,
Une forest espesse et lée
Delà le fleuve troveras.
En cele forest enterras :
Iluec feras ta pénitance

  1. Ms. 7633. Var. Le siècle.