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L’AVE-MARIA RUTEBEUF.

D’enfer, qui tant par est pusnaise
Laide et obscure.
Hé ! douce Virge nete et pure !
Toutes fames, por ta figure,
Doit l’en amer !
Douce te doit l’en bien clamer,
Quar en toi si n’a point d’amer
N’autre durté ;
Chacié en as toute obscurté
Par la grâce, par la purté

Ventris tui.
Tuit s’en sont déable fui ;
N’osent parler, car amui
Sont leur solas.
Quant tu tenis et acolas
Ton cher Fils, tu les afolas
Et mauméis.
Hé ! biaus Père qui me féis,
Si com c’est voirs que tu déis,
Je sui t’ancèle ;
Toi, dépri-je, Virge pucèle,
Prie à ton Fil qu’il nous apèle
Au jugement,
Quant il fera si aigrement
Tout le monde communément
Trambler com fueille,
Qu’en sa pitié nous acueille !
Disons amen : qu’ainsi le vueille !


Explicit l’Ave-Maria Rustebuef.