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LA VIE SAINTE ÉLYSABEL.

Si déissiez à sa manière
Qu’ele menjast (ce n’est pas fable)
Plus que nus qui fust à la table ;
Ce de mengier n’esconsdisoit,
Que çà et là le pain brisoit.

« Or savoient ices novèles
Iiij.[1] sanz plus de ses damoisèles.
Son seignor dient en apert
Que il s’âme détruit et pert,
Et que jamès n’ert absolue
De mangier viande tolue.
Il lor respont : « Forment me griève,
Mès ne voi comment j’en achiève,
Et sachiez je m’en garderoie[2]
Se les paroles ne doutoie.
Si en faz ce que fère doi,
Ma gent me monsterront au doi :
Mès bien vous di certainement,
Se je puis vivre longuement,
Sor toute rien que je propose
Moi amender de ceste chose. »

« Quant de droite rente venoit
La viande, si la prenoit,
Ou des biens de son droit doaire ;
D’autres n’avoit-ele que faire.
De cels menjue, de cels use,
Et se cil li faillent, si muse

  1. Ms. 7633. Var. Trois.
  2. Ms. 7633. Var. Je n’en mangeroie.