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NOTES

Tuit s’aliièrent clerc et lai,
Et à grant force l’i menèrent ;
L’arcevesque[1] le présentèrent.
L’arcevesque, qui bien savoit
Le bien que Dieus mis i avoit,
De sa venue fist grant feste ;
Assez le prie et amoneste
Que s’onor prangne isnelement[2].
Théophilus molt humblement
As pîez li chet sanz demorée,
Face moillie et esplorée ;
A jointes mains merci li crie,
Et doucement por Dieu li prie
Qu’en tel point com il est le laist
Et de ceste honor le relaist ;
Car n’est pas dignes de tel chose.
L’arcevesques forment l’enchose[3]
De ce que tel honor refuse ;
Mès Théophilus si s’escuse
Et si forment plore et sospire,
L’arcevesques n’en set que dire.
Por savoir et por esprover
S’il le porroit en point trover
Que ceste honor volsist avoir,
Doné li a par grant savoir
Trois jors de respit[4] et d’espace.
Ne set l’arcevesques qu’il face,
Car au tierc jor en est plus froiz
Que ne fu la première foiz ;
Ainz pour nului rien n’en volt faire.
Quant li pueples vit cest afaire
Et l’arcevesques ensement,
Un autre ont pris isnelement.

Maintenant li nouviaus évesques,
Quant ordené l’ot l’arcevesques[5],

  1. À l’archevêque.
  2. Ms. 7987. Var. Liement.
  3. Le gronde, le blâme. — Le Ms. 2710 La V. porte : Le chose.
  4. Ms. 7987. Var. D’atente.
  5. Après ce vers on trouve dans le Ms. 6987 les deux suivants, qui manquent au Ms. 2710 La V. :
    De sa dignité fist grant feste,
    Si s’en repaira à son estre.