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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

De honte et de malaventure[1],
Privéement, par nuit oscure,
Assez[2] sovant aloit à lui :
« Biau très doz sire, à nului
Ne dire, fet-ii, nostre afere.
A mon seingnors te ferai fere
Plus que n’osseras souhoidier.
Encor te cui-je tant édier,
Se nostre afere très bien çoiles,
Que de Rome ières npostoiles.
Dont ne vois-tu, biau douz amis,
Com mes sire t’a tost remis
Et r’asis en ta seingnorie[3] ?
Tes Dieux, ne sa mère Marie,
S’en féissent tot lor povoir,
Ne te péussent r’aseoir.
Serviz les as moult longuement,
Mès bien sachiez certeinement
Q’ainz d’eus servir bien ne te vint.

« Onques ancoure honnor n’avint
A nul home qui ait servie
Celle Dame, cele Marie
Dont crestien font si grant feste.
Garde, sor les ieux de ta teste,
Se tu velz que nus bien t’aviengne,
Jamais de li ne te soviegne[4].
Sor toute rien de ce te garde
Que neis s’ymage ne regarde[5] :
Ne te pouroit nul bien venir.
Noblement te doiz contenir,
Et cointement d’orennavant.
Ton us[6] que tenoies devant
Te conmanc-je tot à lessîer ;
On se puet bien trop abessier
En trop humilité avoir.
Riches hons est de grant avoir :

  1. Ms. 7987. Var. De la dolereuse aventure.
  2. Ms. 7987. Var. Secréement.
  3. Ms. 7987. Var. Arrière ens en la signorie.
  4. Ce vers est passé au Ms. 7987.
  5. Ms. 7987. Var. Que tu jamais ne le regarde.
  6. Ms. Us, usage.