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NOTES

Quant verras la seinte Pucele
Dont li Rois du ciel fist sa mère,
Qui plus reluit et plus est clère
Que cler souleil à miedi,
Que diras-tu ? car le me di.
Lasses ! se tu parler séusses[1],
Mult tost conclus certes m’éusses,
C’or pès n’i as c’aie tot fet.
Sor moi en sont tuit li mesfet :
Vendue t’ai, lasse, au déable
Por .i. pou d’onor trespasable.
Se tu pooir sor moi avoies
Traïner certes me devroies
Par tot le mont à une corde.
Por aaisier ma charoigne orde
Et por .i. poi de seingnorie,
Lasse, t’ai-ge tant enhaïe[2]
Qu’el feu d’enfer t’ai ton lit fet !
Ha, las ! dolant ! tant ai mesfet
Ne gart l’eure terre m’engloute !
Ha, las ! tant fu me langue gloute
Quant renoiai pour le déable
Le haut Seignor espéritable
Et sa très douce sade Mère !
Las ! las ! las ! com fu amère
L’eure que je chéi sor terre !
Las ! aucun jor me venront querre
Déable a toz lor cros de fer,
Por traînéer el feu d’enfer. »

Quant li las s’iert tant tormentez,
Tant complainz et tant dementez,
Quant ot ploré si longuement
Et soupiré profondement,
« Ha, las ! fet-il, coi que fet aie,
Ne sai, las ! que metre à ma plaie[3].
Ne sai, lors, que metre i puist cure.
Se cele qui de tos maus cure[4]
I. pou s’en deignoit entremestre,

  1. Ms. 2710. Var. Péusses.
  2. Ms. 6987. Var. Descolorie.
  3. Ms. 2710. Var. Querre m’estuet-il à ma plie.
  4. Ce vers n’est pas dans le Ms, 1672.