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LA VOIE DE PARADIS.

Or est tout au recommancier.
Assez aime miex Monpancier
Que Marseille ne Carlion[1].
Por ce vous di-je quar li hon
Qui est ses kex a assez paine :
Xiiij. foiz en la semaine
Demande bien son estovoir,
Mès il covient chiés li plovoir
Se tant avient que aus chans plueve,
Que sa mesons n’est mie nueve
Ainz est par les paroiz ouverte
Et par deseure descouverte.
Or sachiez que mauvès mestre a ;
Jamès plus mauvès ne nestra.
Si herberge-ele mainte gent,
El leu qu’el n’a ne bel ne gent ;
Bediaus et bailliz et borgois,
Qui .iij. semaines por .i. mois

  1. Le Ms. 7633 dit : « que Lyons ; » mais, à la rigueur, on pourrait laisser Carlion : cette ville est célèbre chez les auteurs du moyen âge.
    Ainsi on voit dans le lai de l’Espine, par Marie de France :
    Les estores en trai avant
    Ki encore sont à Carlion,
    Ens le moustier Saint-Aaron.
    Walter Scott, dans une note de Sir Tristrem, édit. de 1819, p. 300, parle de cette ville, qui, selon quelques auteurs, passe pour la première où le roi Arthur ait établi la Table-ronde, et M. Francisque Michel, tome II de son Tristan, p. 182, a écrit les lignes suivantes : « Cuerlion, Carleon (upon Usk), ville du pays de Galles, nommée dans Les Triades comme l’une des trois principales résidences du roi Arthur, et appelée Urbs legionum par Geoffroi de Monmouth.
    Li bons reis Arzurs teneit
    A Karlium, cum l’en diseit,
    A une feste, qui mout couste
    A un jour de Pentecouste.
    (Le Lai du Corn, Ms. de la Bib. bodléienne, no 1687.)