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LA BATAILLE DES VICES

La mort, qui à mordre s’amort,
Qui n’espargne ne blanc ne noir,
Mena celui à son manoir.
Si n’estoit pas mult anciens,
Et ot non mestre Crestiens[1],
Mestre estoit de divinité[2] ;
Pou verrez mes devin ité.

Deboneretez et dame Ire,
Qui sovent a mestier de mire,
Vindrent, lor genz toutes rengies,
L’une des autres estrangies,
Devant l’apostoile Alixandre[3],
Por droit oïr et por droit prendre.
Li frère Jacobin i furent
Por oïr droit si comme il durent,
Et Guillaume de Saint-Amor[4] ;
Quar il avoient fet clamor
De ses sermons, de ses paroles.
Si m’est avis que l’apostoles
Bani icel mestre Guillaume
D’autrui terre et d’autre roiaume.
S’il a partout tel avantage[5],

  1. Crestiens ou Chrétien, chanoine de Beauvais, l’un des collègues de Guillaume de Saint-Amour, mort vers 1270. (Voyez, pour quelques détails sur Chrétien de Beauvais, la note J, à la fin du 1er volume, relative à Guillaume de Saint-Amour.)
  2. Ms. 7633. Var. Devinetei. — J’ai dit plus haut, page 179 du 1er volume, qu’on appelait ainsi la théologie.
  3. Alexandre IV, élu pape en 1254, mort en 1261.
  4. Voyez, pour ce personnage, pages 71 et suivantes du 1er volume.
  5. On retrouve d’une manière très-exacte les mêmes arguments, page 72 du 1er volume, dans la complainte de Guillaume de Saint-Amour.