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LE MIRACLE DE THÉOPHILE.

N’est riens c’on por avoir ne face ;
Ne pris riens Dieu ne sa manace.
Irai-je me noier ou pendre ?
Je ne m’en puis pas à Dieu prendre,
C’on ne puet à lui avenir.
Ha ! qui or le porroit tenir
Et bien batre à la retornée,
Mult auroit fet bone jornée ;
Mès il s’est en si haut leu mis
Por eschiver ses anemis
C’on n’i puet trère ne lancier[1].
Se or pooie à lui tancier,
Et combatre, et escremir,
La char li feroie frémir !
Or est lasus en son solaz ;
Laz chétis ! et je sui ès laz
De povreté et de soufrète.
Or est bien ma viele frète,
Or dira l’en que je rasote :
De ce sera mès la riote.
Je n’oserai nului véoir :
Entre gent ne devrai séoir,
Que l’en m’i monsterroit au doi.
Or ne sai-je que fère doi ;
Or m’a bien Diex servi de guile.

Ici vient Théophiles
A Salatin, qui parloit
Au déable quant il voloit.

Qu’es-ce ? qu’avez-vous, Théophile ?

  1. Cette plaisanterie n’est-elle pas charmante ?