Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/151

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toutes d’un trait et comme parfaitement pareilles et contiguës ! » Mais, quelques jours après, le pauvre père se plaint et se récrie : « Je t’en prie, ne me jette pas à la tête tant de virgules. Tu m’en accables comme les Romains accablèrent cette pauvre Tatia de leurs boucliers. »

Je possède un seul autographe de Mme  de Witt, douze lignes datées de 1897 : les virgules les plus nécessaires y sont absentes. Dans ses livres, elle manque seulement, comme beaucoup d’autres femmes, à ce que j’appellerais volontiers la ponctuation supérieure. Elle ignore « la distance naturelle qu’il y a entre les idées ». Mais, en bonne écolière et qui veut éviter les reproches, elle met de la distance, ici, là, n’importe où, à intervalles à peu près réguliers. Elle va à la ligne au petit bonheur, hache les développements les plus suivis, rapproche les choses les plus opposées. Le directeur d’une grande imprimerie me dit à ce sujet : « Mais presque toutes les femmes en sont là. Beaucoup même écrivent un livre tout d’une venue, sans alinéas, sans blancs, sans divisions d’aucune sorte. Quand leur pâte plate est achevée, elles la coupent, comme de la galette, en morceaux sensiblement égaux. Et quelques-unes reculent devant cette peine, abandonnent ce soin au typographe et au metteur en pages. »