Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/171

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apporter plus d’argent à M. Georges de la Bruyère. Rochefort put même accuser sans invraisemblance la quêteuse du fameux « carnet » d’avoir fait longtemps le « boniment » de la charité pour ce pauvre unique. Je me détourne en hâte de ces questions insuffisamment littéraires.

À vendre tant de paroles, elle parle souvent sans avoir rien à dire, se fait des opinions par art, parce qu’une opinion en tant de lignes vaut, à tel journal, tant de francs. Elle se délaie en d’infinis bavardages. Comme elle ne peut être un frémissement continuel, de temps en temps elle pense. Ces jours-là, elle nous enseigne en trois colonnes que Séverine mourra comme les autres, ou elle fait un long éloge du bois en général et des sabots en particulier. Et elle abuse des plus ineptes procédés de développement. Deux surtout la séduisent et l’entraînent : l’énumération des parties et ce que j’appellerai l’exorde négatif. Pour nous apprendre la mort de je ne sais quel cardinal, elle nous affirme successivement que ses doigts ne remueront plus, que ses yeux ne verront plus, que ses lèvres ne parleront plus. Et vous supposez bien que chacune de ces vérités nouvelles fournit quelques lignes attendries. Très souvent son article commence par déclarer qu’elle ne parlera pas de ceci, ni de cela, ni de telle autre chose ; avant d’arriver à son pauvre sujet insuffisant, elle en traite,