Page:Ryner - Le Massacre des amazones, Chamuel.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petites inventions révèlent un esprit aimable et indulgent, une sensibilité frémissante. Le premier récit, surtout, exprime toute la douceur faible de cette nature souriante, et son besoin d’attachement, et sa facilité à juger les pires gredins sur leurs rares spontanéités nobles, et son naïf et touchant instinct de se confier toujours même après qu’on l’a dupée. D’autres narrations sont de matière frêle et insuffisante, d’arrangement trop ingénieux. Parfois aussi l’émotion est produite par des moyens connus, et nous sourions en songeant à Maupassant. Mais deux ou trois figures se dressent d’une beauté simple et originale et la Parricide à elle seule, me paraît valoir, — excusez, madame, mon peu d’estime pour une de vos grandes admirations — tout ce que je connais d’Antonio Ennès.

La duchesse d’Uzès, chauffeuse, fabricante de statues et de prétendants, a essayé deux fois du sport littéraire. Elle n’y a pas trop mal réussi. Son premier livre, Pauvre Petite ! nous est présenté comme un manuscrit du xviiie siècle. Le pastiche est adroit, le ton dégagé, la phrase alerte. Mais Mme d’Uzès est la plus moderne des grandes dames : grande dame par la syntaxe, jolie et souriante et poudrée, moderne par le vocabulaire. Il lui arrive d’oublier le jeu auquel elle nous a conviés