Page:Ryner - Les Esclaves, 1925.djvu/12

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Sostrata. — Et moi !

Géta (bas à Stalagmus). — Ils sont bien disposés. Et j’en connais d’autres. Si tu veux, nous pouvons organiser une guerre servile.

Stalagmus (à voix presque basse). — Pourquoi faire ?… Tu ne ! es entends donc pas ?… Chacun ne rêve que d’être le maître. A quoi bon mettre en haut ce qui est en bas, en bas ce qui est en haut ?

Agnès (qui est près d’eux et qui a tout entendu). — Les superbes seront abaissés, les humbles seront élevés. Mais ce n’est point la guerre qui fera ces choses.

Stalagmus (dur et méprisant). — Tais-toi, chrétienne.

Tous. — Nous sommes malheureux… Nous sommes malheureux.

Demi-Chœur. — Nul espoir pour nous.

Demi-Chœur. — Espérons pour nos enfants.

Tous. — Stalagmus, donne-nous, donne-nous de l’espérance.

Demi-Chœur. — Au moins pour nos enfants, donne-nous, donne-nous de l’espérance.

Sostrata. — Toi qui sais l’avenir…

Tous. — Toi qui sais l’avenir…

Sostrata. — Dis-nous l’avenir et sa lumière.

Tous. — Dis-nous l’avenir et sa lumière.

Stalagmus (le regard lointain). — Je ne vois pas de lumière qui dure.

Géta. — D’autres jours, tu nous as dit des espérances.

Stalagmus. — Je ne voyais pas aussi loin qu’aujourd’hui.

Tous. — Que vois-tu ? Que vois-tu ?

Stalagmus. — Non, non, je ne veux pas voir. (Fermant les yeux et faisant des deux mains le geste qui repousse.) Je veux échapper à l’horreur de voir.

Tous. — Si, regarde. Parle.

Stalagmus (les yeux fermés). — Hélas ! Hélas ! malgré mes paupières closes, la vision me poursuit.

Sostrata. — Parle, toi à qui un dieu a donné de voir.