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Scène IV

Stalagmus, Géta

Stalagmus s’est assis, tête basse. Il semble plongé dans de profondes réflexions. Géta le regarde.

Stalagmus. — Je ne sais plus… Ai-je obéi à la colère ?… Ai-je obéi à la justice ?… Mon geste exprime-il le sentiment superficiel d’une minute ou la pensée profonde de toujours ?

Géta. — De quoi te mets-tu en peine ? De toute façon, ton geste est beau, juste et utile.

Stalagmus (haussant les épaules). — Utile ?

Géta. — Par Hercule, un geste de révolte l’est toujours : il nie le mensonge qui crée maître et esclaves ; il affirme la vérité et réalise l’homme.

Stalagmus (hochant la tête). — La libération intérieure suffit peut-être à ce que tu dis. Et ce que j’ai fait, même si des myriades d’esclaves l’imitaient, nous rapprocherait-il de la justice extérieure ? (Se levant et faisant un pas vers une porte de côté.) Non. Puisque les âmes des esclaves ne valent pas mieux que celles des maîtres.

Géta. — Où vas-tu ? Fuis-tu vers la mort pour échapper à la lenteur des supplices ? Vas-tu te livrer au magistrat et, du haut de la croix, insulter par ton courage à la lâcheté des maîtres ? Ou plutôt veux-tu que je t’aide à gagner la forêt prochaine ?

Stalagmus. — Ni ceci, ni cela, ni ce troisième parti n’est en harmonie avec ce que j’ai fait.