Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/122

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public qui aura tort. Le poète avoue qu’il trouve parfaite la forme parnassienne. Seulement, il s’efforça de mettre cette « perfection de la forme au service de son propre idéal qui différait beaucoup de celui de ses confrères parnassiens. » Il ne se sentait « l’imagination ni assez vive ni assez riche » pour « les égaler dans la peinture des choses matérielles, dans la description de la nature et de l’homme. » Il affirme avec raison : « Je m’en tins à l’expression de mes sentiments intimes, de mes pensées, même des idées abstraites, ce qui a été, je l’avoue, mon écueil. »

Qu’y a-t-il là de contraire aux tendances parnassiennes ? Le Parnasse est fait d’impuissance lyrique et d’application minutieuse à une forme que les adeptes croient absolue. Le vase de Sully-Prudhomme, moins solide que celui de Leconte de Lisle, moins sonore que celui de José-Maria de Hérédia, contient des parfums que le premier dédaignait, que le second ignore. Mais le contour, dessiné selon les mêmes règles, affirme qu’il sort du même atelier.

Seuls, parmi les parnassiens de la première heure, Verlaine et Mallarmé furent des individus assez originaux pour échapper à l’école.