Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/194

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saie de le retenir : ses conseils et ses promesses sont écartés dédaigneusement comme les promesses et les conseils de la Nuit. Le poète arrive au repos d’un lac « endormi comme un regard d’argent. » Une troisième courtisane, celle dont le baiser enchaîne plus fidèlement, la reine des définitifs oublis, la Mort, vient lui offrir mieux que les insuffisants léthés du songe et du plaisir. Mais, la repoussant, elle aussi, avec un courage hautain, il continue sa marche vers les Demains

Qui sacreront en lui l’apôtre de l’Idée.

Le Chemin de la Douleur fait suite au Chemin de l’Irréel.

Le poète, délivré des préjugés représentés par la Nuit, la Volupté et la Mort, s’est élevé jusqu’à l’Idée. De la cime de son rêve il contemple, heureux, le spectacle élargi. Car les choses lui disent de toutes parts la beauté et la puissance d’un renouveau, et il marche, aspirant la force qui monte des sèves. Mais, comme il va dans une extase, il se trouve tout à coup en face d’un calvaire. Au pied du Christ qui pleura, une femme pleure ; ces deux images de la souffrance passée et de la souffrance actuelle sem-