Page:Ryner - Prostitués, 1904.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tés, simples comme tout ce qui est profond, claires comme le soleil, mais que les yeux aveugles des faux poètes ne sauraient voir. La vraie sincérité, celle qui n’est pas une attitude vaine d’arriviste politique ou littéraire, celle qui est dans la vie et non dans les professions de foi, dans les mœurs et non dans les mœurs oratoires, celle qui est « l’horreur du servilisme, de la palinodie et des concessions hypocrites », loin de se montrer banale comme une préface de Saint-Georges de Bouhélier, « ne semble plus que la vertu des seuls prédestinés ». D’elle, d’elle seule, vient la noble simplicité, celle qu’il ne faut pas confondre, ô Francis Jammes, « avec l’indigence du vocabulaire ou la vulgarité de l’expression ». Ce qui est vraiment simple « ne s’improvisa jamais. » L’improvisation est « le témoignage immédiat de l’impuissance créatrice ». La simplicité est exigeante ; elle demande qu’on s’absorbe « aux profondeurs de la pensée et du sentiment pour essayer d’en dégager le signe essentiel ».

La poésie est donc simple grâce à un effort prolongé du poète. Elle est « révélatrice. » Elle est « la réalisation de ce miracle : l’expression de l’ineffable ». Quel sera l’instrument du mi-