Page:Séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, série 2, tome 6.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’échange a été plus nettement conçue et plus clairement discutée que l’économie politique est sortie des ténèbres qui entouraient ses premiers pas, et il ne serait pas trop téméraire d’avancer que les progrès de cette science ont été en raison directe des efforts que l’on a consacrés, dans ces derniers temps, à la solution de la question que je viens de signaler.

J’ai exposé ailleurs[1] mon opinion personnelle sur cette question, et je ne prétends pas la reproduire ici. Mais, en supposant que je fusse hors d’état d’en présenter moi-même une solution satisfaisante, il me serait toujours permis de signaler les fausses routes où se sont égarés, jusqu’à ce, jour, les économistes les plus célèbres. Et, en effet, il y a plusieurs moyens de préparer et d’assurer le triomphe de la vérité. Sans doute, un des plus puissants, c’est de la montrer et de la faire briller dans tout son jour ; mais pour parvenir à ce but, il n’est pas inutile d’attaquer les erreurs accréditées et de dissiper les fausses lueurs qui s’opposent à son triomphe.

Il règne aujourd’hui, dans le monde économique, deux opinions principales sur l’origine de la valeur d’échange : l’une qu’on peut appeler l’opinion des économistes anglais, et qui s’appuie sur l’autorité de Smith, de Ricardo, de Mac Culloch ; l’autre, qu’on peut appeler la doctrine française, et qui se recommande par les noms de Condillac et de J.-B. Say. La première fait venir la valeur d’échange du travail ou des frais de la production. La seconde place la cause de la valeur dans l’utilité. Je me propose d’exposer successivement ces deux opinions et de les combattre l’une après l’autre. Je commencerai par celle des économistes anglais.

  1. De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur, 1 vol. in-8o, 1831.