Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/108

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trouva, sans trop y avoir pensé, à peu de distance de la pièce d’eau.

— Ah ! se dit-elle, je vais la voir aujourd’hui puisque j’en suis si près ; il n’y a ici que les petites Coudées qui sont occupées dans le château, et la Chatte blanche n’en saura rien.

Elle s’approcha de la pièce d’eau, et dès qu’elle fut sur le bord elle vit des feuilles de nénuphar qui remuaient ; un serpent vert sortit de l’eau et vint se mettre à côté d’elle.

Elle eut peur et se recula ; mais le Serpent lui dit d’une voix douce :

— Belle princesse, avez-vous peur de moi ? Soyez sans crainte, je ne vous ferai point de mal. Je vous en prie, ne vous en allez pas et restez à me parler : il y a si longtemps que je n’ai pu causer avec personne !

Crépuscule fut rassurée par ces paroles : elle resta, et même longtemps, à parler avec le Serpent. Elle s’aperçut enfin qu’il était temps de partir, et elle lui dit :

— Adieu, Serpent vert, il faut que je rentre ; je ne suis que trop restée avec vous.

Le Serpent la supplia de revenir une autre fois, et quand elle eut disparu, il se replongea dans son étang.

Au moment où Crépuscule rentrait au château de cristal, la Chatte blanche se montra devant elle :

— D’où venez-vous, mademoiselle ? lui demanda-t-elle.

— De me promener dans le jardin, répondit Crépuscule.

— Oui, dit la Chatte blanche, vous venez du jardin ; mais, malgré ma défense, vous êtes allée sur le bord de la pièce d’eau. Pour votre punition on va vous plonger dans un bain de lait bouillant.

Aussitôt les petites Coudées accoururent ; en un clin d’œil elles