Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/199

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— Qui donc est ici ?

— C’est un homme qui est venu pour vous délivrer, répondit le capitaine.

La demoiselle le suivit très volontiers ; il l’emmena à la cabane, et elle le pria de songer à ses deux sœurs qui étaient plus belles qu’elle et qui elles aussi étaient enchantées.

— Je le sais, répondit Pierre, et je veux aussi les délivrer.

Par le conseil du petit bonhomme de trois pouces, il alla à une autre ferme et il acheta deux cents moutons, quatre cents vaches, huit cents bœufs, et douze cents cochons (en vous respectant), et se munit de charrettes et de charretiers pour les conduire.

Il arriva à un autre château, et avant de pénétrer dans l’endroit où était la princesse, il avait à franchir cinq cours pleines de bêtes féroces : au portail se trouvaient deux ours qui n’étaient pas enchaînés. Pierre leur jeta de la viande, et ils devinrent si doux qu’ils se laissaient caresser avec la main ; il donna ensuite à manger aux autres bêtes, et quand sa provision fut épuisée et que chacune eut son morceau, elles le laissèrent passer, et il emmena la seconde princesse à la cabane.

— Pour délivrer la troisième princesse, lui dit le nain, il n’est pas besoin de viande ; mais l’entreprise n’en est pas plus facile pour cela : elle est gardée par des moustiques, et l’on ne peut échapper à leur piqûre.

— Avec ma canne je ferai le moulinet, répondit le capitaine, et je les empêcherai de m’approcher.

Quand il ouvrit la porte du troisième château, il vit que les appartements étaient remplis de moustiques, aussi nombreux et aussi serrés que les fourmis dans une fourmilière : au lieu d’essayer de se frayer de vive force un passage avec sa canne, il laissa les portes