Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/249

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— Le joli petit oiseau, dit-il ; il a des plumes dorées sur la tête (c’étaient les cheveux blonds du petit gars).

Point-du-Jour se mit à crier, car il avait peur.

— Chante-t-il bien ! dit l’ogre ; j’en ferai tout de même une gibelotte.

Pour le mieux écouter, il l’approcha de son oreille ; elle était si grande que Point-du-Jour crut voir la gueule d’un puits.

L’ogre le posa sur un lit, et lui dit :

— Dors bien, petit oiseau.

Et pour l’engraisser il ordonna à sa servante de lui donner de la nourriture autant qu’il voudrait.

Le huitième jour il devait être mangé ; le matin il était couché, et il pleurait en pensant qu’avant la fin de la journée il allait être dévoré. Un lézard vint lui chatouiller l’oreille et lui dit :

— Te souviens-tu du jour où tu m’as retiré de dessous la pierre qui m’écrasait ?

— Oui, répondit Point-du-Jour.

— Eh bien, dit le lézard ; si tu veux me croire, tu seras délivré. L’ogre va te prendre dans sa main, et te porter auprès de son puits merveilleux ; car c’est là qu’il lave ceux qu’il mange après les avoir saignés ; tu y jetteras la plume de l’oiseau, et tu lui diras ; « Laissez-moi, avant de mourir, regarder votre merveilleux puits. » Il y consentira ; tu te laisseras choir dedans, et, quand tu auras touché le fond, tu te trouveras dans un monde nouveau.

L’ogre vint prendre Point-du-Jour, et le porta auprès du puits ; alors le petit gars lui cria :

— Avant de mourir, permettez-moi de regarder votre merveilleux puits.

— Tu as raison, Point-du-Jour, répondit l’ogre ; tu es malin ; je