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LA FLEUR DU ROCHER


Il y avait une fois un soldat qui s’appelait Jean Cate ; il était en garnison au fort de la Corbière, et, quand il n’était pas de service, il descendait le long de la falaise et allait pêcher sur les rochers qui sont au pied du fort.

Un jour qu’il pêchait à la perche sans prendre grand’chose, il eut envie de visiter la Houle de la Corbière, dont il entendait souvent parler.

— On prétend, disait-il, que des fées l’habitent ; je serais curieux de voir leur demeure.

Il alla du côté de la Houle ; mais, comme il descendait les rochers qui forment les côtés de la tranchée au fond de laquelle est la grotte, le pied lui manqua, et il tomba d’une grande hauteur sur de gros cailloux. Dans sa chute, il s’était meurtri tout un côté, et il resta dans le fond de la tranchée, ne pouvant plus remuer et sans connaissance. Quand il rouvrit les yeux, il vit auprès de lui une jeune femme qui lui dit :

— Eh bien ! mon pauvre Jean Cate, ta curiosité t’a coûté cher.

— Ah ! ma bonne Vierge, répondit le soldat, est-ce vous qui êtes venue à mon aide ?

— Je ne suis pas la bonne Vierge, dit la jeune femme, mais une personne qui veut te porter secours.