Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/64

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il voyait des champs et des chemins bordés de maisons, et, avant d’arriver au château, il passa devant plus de dix villages.

Jean Cate lui disait :

— Où me menez-vous, la Fleur du Rocher ?

— À mon château, mon bon ami.

Ils arrivèrent à une grande avenue, où il y avait des arbres de toute espèce, et le soldat se disait :

— Il paraît tout de même que c’est un beau château.

Au bout de l’avenue, il vit un étang et des douves qui faisaient le tour des murailles, et à la porte se tenaient deux gardiens qui semblaient avoir plus de mille ans.

Ils entrèrent dans le château, et le père et la mère de la demoiselle le reçurent comme leur fils ; mais ils étaient si vilains qu’il avait peur d’eux ; ils paraissaient âgés et avaient la peau comme de vieux crapauds ; mais c’était pour faire peur à Jean Cate.

— Est-ce là, dit-il, votre père et votre mère ?

— Oui, répondit en riant la demoiselle ; est-ce que tu ne les trouves pas jolis ?

Ils entrèrent dans un autre appartement, et, dès qu’ils y furent, le seigneur et sa femme eurent la peau aussi fine que celle de leur fille, si bien que le soldat ne les reconnaissait pas.

Ils étaient riches comme des Crésus ; mais ils consentirent tout de même au mariage, et ils firent une belle noce où ils invitèrent leurs parents et leurs amis.