Page:Sébillot - Contes de terre et de mer.djvu/74

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— Je n’ai plus de parents, répondit le petit garçon.

— Veux-tu venir avec moi, tu pêcheras dans mon bateau ?

— Oui, volontiers, répondit-il, j’ai toujours eu envie de naviguer.

L’homme lui frotta les yeux avec une pommade, et depuis ce temps il voyait aussi clair la nuit que le jour ; le petit garçon, tout en suivant le pêcheur, lui disait :

— Vous portez donc votre bateau sous votre bras ?

— Oui, mais sois sans crainte, quand je veux, il est assez grand pour nous deux.

L’homme mit son bateau à la mer, et les voilà partis pour la pêche ; ils prirent du poisson en quantité, et il était beau tout ce qu’on pouvait dire. Quand la pêche fut finie, l’homme prit son bateau sur son dos, et dit au petit garçon :

— Suis-moi ; si tu veux rester avec moi, tu seras bien ; j’aurai soin de toi, et tu pourras sortir et te promener quand tu voudras.

Ils se mirent à marcher sur la grève et bientôt ils arrivèrent à l’entrée d’une houle[1] ; mais lorsque l’enfant vit qu’il fallait y pénétrer, il dit :

— Vous voulez me mener avec les fées, je ne veux pas aller vivre avec elles.

— Tu n’auras pas de mal, répondit le pêcheur ; viens et n’aie pas peur.

Le petit garçon se fit un peu prier, mais le pêcheur le rassura, et ils entrèrent dans la houle où se trouvait une famille de fées. Il y fut bien reçu, bien soigné et bien nourri. Il allait à la pêche dans

  1. Grotte dans les falaises.