J’ai reçu votre compliment,
Vous vous exprimez noblement,
Et je vois bien dans vos manières
Que vous méprisez les goutières.
Que je vous trouve d’agréments !
Jamais Chatte ne fut si belle.
Jamais Chatte ne me plût tant,
Pas même la Chatte fidèle
Que j’aimais uniquement.
Quand vous m’offrez votre tendresse
Me parlez-vous de bonne foi.
Se peut-il que l’on s’intéresse
Pour un malheureux comme moi ?
Hélas ! que n’êtes-vous sincère !
Que vous me verriez amoureux !
Mais je me forme une chimère,
Puis-je être aimé, puis-je être heureux ?
Vous dirai-je ma peine extrême.
Je suis réduit à l’amitié
Depuis qu’un jaloux sans pitié
M’a surpris aimant ce qu’il aime :
Epargnez-moi le récit douloureux
De ma honte et de sa vengeance,
Plaignez mon destin rigoureux ;
Plaindre les maux d’un malheureux
Les soulage plus qu’on ne pense ;
Ainsi je n’ai plus de plaisirs ;
Indigne d’être à vous, belle et tondre Grisette,
Je sens plus que jamais la perte que j’ai faite,
En perdant mes désirs
Perte d’autant plus déplorable
Qu’elle est irréparable.