Quand pour quelque autre amour nouvelle
Jamais ne vous serai cruelle,
Sans aucune plainte former,
Ne me devez-vous bien aimer ?
Quand vous verrez que sans cautelle[1]
Toujours vous serai été telle,
Que le temps pourra affermer,
Ne me devez-vous bien aimer ?
Qui dira ma robe fourrée
De la belle pluie dorée.
Qui Daphnès[2] enclose ébranla :
Je ne sais rien moins, que cela.
Qui dira, qu’à plusieurs je tends
Pour en avoir mon passe-temps,
Prenant mon plaisir çà et là ;
Je ne sais rien moins, que cela.
Qui dira, que t’ai révélé
Le feu longtemps en moi célé
Pour en toi voir si force il a :
Je ne sais rien moins, que cela.
Qui dira, que d’ardeur commune,
Qui les jeunes gens importune,
De toi je veux, et puis holà :
Je ne sais rien moins, que cela.
Mais qui dira, que la vertu.
Dont tu es richement vêtu.
En ton amour m’étincela :
Je ne sais rien mieux, que cela.
Mais qui dira, que d’amour sainte
Chastement au cœur suis atteinte.
Qui mon honneur onc ne foula :
Je ne sais rien mieux, que cela.