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LES MUSES FRANÇAISES

Montrent assez mon ignorance expresse ;
Et si n’en suis moins hardie et ardente,
Mes vers semer, si sujet se présente :
Et qui pis est, en cela je m’adresse

À vous, qui pour plus aigres les goûter,
En les mêlant avecques des meilleurs,
Faites les miens et votres écouter.

Telle se voit différence aux couleurs :
Le blanc au gris sait bien son lustre oter.
C’est l’heur de vous, et ce sont mes malheurs.

IV

Le temps, les ans, d’armes me serviront
Pour pouvoir vaincre ma jeune ignorance,
Et dessus moi à moi même puissance
À l’avenir, peut-être, donneront.

Mais quand cent ans sur mon chef doubleront
Si le haut ciel un tel âge m’avance
Gloire j’aurai d’heureuse récompense,
Si puis atteindre à celles qui seront

Par leur chef-d’œuvre en los toujours vivantes.
Mais tel cuider[1] serait trop plein d’audace,
Bien suffira si près leurs excellentes

Vertus je puis trouver une petite place :
Encor je sens mes forces languissantes,
Pour espérer du ciel tel heur et grâce.

  1. Penser.