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A voulu ce jour d´hui en toi notre chair prendre,
Joignant à ton bonheur l’heur de maternité.

Si que [1] l’enfantement et l’intégrité pure,
La majesté divine et l’humaine nature,
Qui avaient par avant discord perpétuel.

Ont en paix converti leur antique querelle,
Car au sacré giron d’une sainte pucelle
Ils sont unis et joints par accord mutuel.


IV


O riches, qui cherchez trop curieusement
Un superbe appareil en logis et vêture,
Voyez ores [2] l’auteur de toute créature,
En une étable mis, sur le foin pauvrement.

Au moins ne dédaignez impitoyablement
Ceux qui sont affligés de faim et de froidure :
Souvenez-vous qu’en eux Jésus souffre et endure.
Et qu’il requiert de vous quelque soulagement.

Vous, pauvres, d’autre part, prenez en patience
Votre condition, voyant ce roi immense.
Qui pour soi-même veut la pauvreté choisir,

Voires [3] et qui promet son règne perdurable.
Le mal tant grand soit-il doit bien être agréable
Duquel procède enfin un éternel plaisir.


V


Voici le beau printemps qui jà déjà commence,
Chassant le triste hiver obscur et froidureux :
Jà se montre Phébus plus clair et chaleureux,
Dont la terre amollie à produire s’avance.

La glace ores se fond, l’eau court en abondance :
Ce qui semblait tout mort redevient vigoureux :
On oit jà des oiseaux les doux chants amoureux,
Et les plaisantes fleurs prennent ores naissance.

  1. De telle sorte que.
  2. Maintenant.
  3. A présent.