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196 LES MUSES FRANÇAISES musique ! surtout distrais-moi de l'amour Qui me fait un destin royal et solitaire, promesse du ciel et soupir de la terre Croisés et mêlés tour à tour, O plainte de la mer, ô rêve de Cécile, Vibration de grâce au céleste chemin, Suprême expression de tout l'essor humain, Que je te sois humble et docile. Musique, n'est-ce pas toi qui fais scintiller, En descendant des cieux, les sensibles étoiles, Et, montant de la mer, toi qui gonfles les voiles De hauts cris qui vont s'exhaler? Rythme de l'espérance et des miséricordes, Eythmes cruels, rythmes fervents, rythme sacré, Rythme voluptueux, dansant, rythme paré, Et rythmes déchirés des hordes, Rythme plus cher d'amour tendre et d'intimité, musique ! voix de la main, toucher de l'âme, Son du regard et du songe, cri de la flamme Vers des paradis de clarté. Fais, ô magicienne, ô subtile harmonie, Que, mêlée aux secrets extrêmes des accords, Je sache le moment des bienheureux transports Et que je me rêve infinie.,, La vie est un chemin qui veut ce qu'on lui doit, Et bientôt tous mes sens où tu jouais divine S'éteindront d'un seul coup sous l'ordre qui domine Comme un cristal touché du doigt. (Les Charmes.) QUE VOUS AI-JE DONC FAIT? Amour, voici l'été, ses grâces et ses dons ; Dans le tendre jardin, les belles giroflées, Brunes et couleur d'or, semblent des assemblées D'abeilles au travail, de guêpes, de bourdons.